CEPII, Recherche et Expertise sur l'economie mondiale
Industrie ou services : le dilemme de la spécialisation européenne

Communiqué de presse


24 janvier 2012

L’écart de croissance économique entre les grands émergents et les anciens pays industrialisés suscite des interrogations sur la compétitivité de ces derniers. Le CEPII offre, dans sa lettre n°317, une vision structurelle de la compétitivité des pays de l’Union européenne.

L’écart de croissance économique entre les grands émergents et les anciens pays industrialisés suscite des interrogations sur la compétitivité de ces derniers. Ne seraient-ils pas trop tertiarisés voire désindustrialisés ? Comment retrouver le chemin de la croissance sans un retour vers l’industrie ? Le CEPII offre, dans sa lettre n°317, une vision structurelle de la compétitivité des pays de l’Union européenne à travers leurs spécialisations internationales au cours de la dernière décennie.
 
Si l’industrie constitue toujours le secteur de prédilection du commerce mondial, les nouveaux services y gagnent en importance. Issus de nouvelles formes de production et de consommation, l’échange de ces services est impulsé par les pays développés. Leur croissance a été supérieure à la moyenne du commerce mondial entre 1995 et 2007 et ils ont continué à progresser depuis la crise financière alors que le commerce de biens primaires et manufacturés a régressé.
 
Ni aussi industrielle que celle du Japon, ni  aussi tertiaire que celle des Etats-Unis, la spécialisation par grand secteur de l’Union européenne s’avère intermédiaire au sein de la Triade. L’Europe a renforcé sa spécialisation dans les nouveaux services tout en restant fortement positionnée sur l’industrie. Cette position globale masque toutefois de forts contrastes nationaux.





 

Selon le degré d’engagement dans l’industrie ou les services, trois groupes de pays se distinguent au sein de l’UE-27 :
 
  • Les pays fortement spécialisés dans l’industrie. C’est le cas de l’Allemagne, de l’Italie, de la Finlande et de l’Irlande. La spécialisation italienne est la plus diversifiée au sein de l’Union.
 
  • Les pays spécialisés à la fois dans l’industrie et dans les services. C’est le cas de la France, des Pays-Bas, de la Suède et des pays d’Europe Centrale. Les derniers, nouveaux États membres, ont renforcé leurs positions dans l’industrie grâce à une division du travail organisée autour de l’Allemagne.
 
  • Les pays fortement spécialisés dans les services. C’est le cas de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal, de l’Autriche et du Royaume-Uni. Les trois premiers qui font partie des pays membres fragilisés de la zone euro sont essentiellement engagés dans les services traditionnels à faible potentiel de croissance. La Grèce, à cet égard, est dans une situation particulièrement préoccupante alors que les deux pays ibériques disposent d’autres atouts dans des produits manufacturés.
 
En conservant ses points forts dans l’industrie et en s’engageant dans les nouveaux services, l’Europe entretient une bonne spécialisation dans le commerce international. Les fragilités de certains pays de la zone euro tiennent à des engagements exclusifs dans les services traditionnels.

La Lettre du CEPII n°317, “ Industrie ou services : le dilemme de la spécialisation européenne”, Colette Herzog et Deniz Ünal, le 22 décembre 2011.


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Sophie Piton
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