CEPII, Recherche et Expertise sur l'economie mondiale
Et maintenant, quel Green New Deal ? Perspectives pour une écologie politique


Michel Aglietta
Étienne Espagne

La pandémie de Covid-19 a mis à nu l’impuissance des régimes de croissance financiarisée, d’obédience néolibérale, à répondre à des crises sociales, sanitaires et environnementales d’envergure mondiale. Le réchauffement climatique en cours fait partie d’un problème encore plus large de viabilité des interactions entre l’environnement naturel et la logique capitaliste qui domine aujourd’hui les sociétés.

S’il est vrai que cette pandémie a engagé les nations dans des transformations institutionnelles en rupture avec les décennies précédentes, il est indispensable de les concrétiser dès maintenant dans le sens des objectifs vitaux de la décennie qui s’ouvre. Poser d’emblée le problème entre le respect des limites planétaires du système Terre, celles à ne pas dépasser si l’humanité veut pouvoir perdurer, et la cohésion sociale, mise en cause par le néolibéralisme, requiert un changement de paradigme vers la soutenabilité.

Mais ces cibles ne seront atteignables que par la construction d’institutions sociales qui orientent les horizons et les anticipations des acteurs en cohérence avec elles [Svartzman et al., 2019]. La notion de Green New Deal, reposant sur la référence explicite au New Deal de Roosevelt qui a construit les institutions de l’économie dite « fordiste », doit pouvoir servir d’inspiration aux enjeux du moment, comme elle a commencé à le faire en Europe et aux États-Unis dans les débats politiques.

Un tel Green New Deal global, dont nous allons ébaucher les contours et énumérer les conditions de possibilité, peut seul éviter un effondrement écologique, et ce tout en redéfinissant un idéal d’émancipation politique détaché enfin d’une frénésie d’accumulation matérielle pour certains et du dénuement insoutenable du plus grand nombre.

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 L'économie mondiale 2021
La Découverte, 2020

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