Jacques Melitz & Farid Toubal
"Faut-il parler la même langue pour commercer?"
La Lettre du CEPII N°361, January 2016, CEPII.

Le commerce est a priori plus facile entre deux pays qui partagent la même langue, d’autant plus que les produits échangés sont des biens différenciés et complexes sur lesquels il faut disposer d’un ensemble d’informations. En Europe, une série de sondages réalisés auprès des firmes exportatrices a confirmé cette intuition. Mais au-delà de cette confirmation, comment mesurer l’impact d’une langue commune sur le commerce ? Le recours à un modèle de gravité et, surtout, à une définition large de la langue commune offre un nouvel ordre de grandeur : posséder une langue commune permet d’augmenter le commerce bilatéral de plus de 200 %. L’impact varie selon la langue parlée et conjugue des effets bilatéraux et multilatéraux. Qu’en déduire en matière de francophonie ? Pour accroître son commerce, la France ne gagnerait-elle pas davantage à favoriser l’apprentissage des langues de ses partenaires plutôt qu’à promouvoir la francophonie ?