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Conférence CEPII-OCDE sur les migrations internationales : un premier bilan prometteur

La conférence annuelle sur les migrations internationales, co-organisée par le CEPII et l’OCDE, réunit depuis 2011 un ensemble de chercheurs en économie pour améliorer notre compréhension des causes et conséquences des mouvements migratoires. Après huit éditions, le bilan est prometteur.
Par Anthony Edo
 Billet du 18 février 2019


Favoriser une meilleure compréhension des causes et conséquences économiques des mouvements migratoires

La part des migrants dans la population des pays de l’OCDE à haut niveau de revenu est passée de 4 % en 1960 à 13 % en 2015 (figure 1). L’accroissement de la présence immigrée dans ces pays est plus marqué depuis les années 1985-1990. Cette évolution suscite de nombreuses interrogations tant sur les causes des migrations internationales que sur leurs conséquences dans les pays d’origine et d’accueil. Afin d’y répondre, les travaux de recherche en économie sur ces sujets ont débuté dès la fin des années 1980 et se sont multipliés depuis les années 2000. C’est dans ce contexte que le CEPII et l’OCDE se sont associés à d’autres instituts publics européens, en 2011, pour organiser une journée de conférence annuelle sur le thème des migrations dans les pays de l’OCDE. Son objectif est de réunir sur la place parisienne des chercheurs de haut niveau spécialisés dans le domaine des migrations afin de partager leurs connaissances et favoriser une meilleure compréhension des causes et conséquences économiques des mouvements migratoires.
 

Figure 1 : Part de migrants dans la population (%)

Source : Adapté de Edo (2018)
Note : les pays avancés regroupent les pays de l’OCDE hors Chili, Mexique, Turquie, Lettonie, Pologne, Slovaquie, Corée du Sud et Hongrie. En 2015, ce groupe de pays représente 13% de la population mondiale. Un migrant est défini comme une personne qui réside dans un pays où il n’est pas né.

 

Des participants prestigieux

Depuis sa première édition en décembre 2011, la conférence a accueilli plus de 140 intervenants, dont de prestigieux universitaires : Christian Dustmann (2011, université de College London), Barry Chiswick (2012, université de George Washington), Timothy Hatton (2013, université d’Essex), Richard Freeman (2014, université d’Harvard), Alberto Alesina (2015, université d’Harvard), George Borjas (2016, université d’Harvard), Giovanni Peri (2017, université de Davis en Californie), Jennifer Hunt (2018, université de Rutgers) et Dani Rodrik (2018, université d’Harvard). Le succès de cette conférence a conduit les organisateurs à adopter une nouvelle version, depuis 2017, en étalant la durée de la conférence sur deux jours afin d’augmenter le nombre de participants, diversifier les thèmes de recherche et multiplier les interactions.

2016, la réflexion se concentre sur les effets des réfugiés dans les pays d’accueil et sur les conditions de leur intégration

Depuis ses débuts, la conférence a abordé un grand nombre de thèmes : des effets de l’immigration sur les salaires et les finances publiques des pays d’accueil, aux liens qu’entretiennent l’immigration et le commerce international, en passant par des questions relatives à l’intégration économique des immigrés et leurs enfants. La hausse spectaculaire du nombre de réfugiés dans les pays de l’OCDE, dont l’Europe avec plus d’un million de demandes d’asile effectuées en 2015 (Figure 2), a marqué un tournant dans les thèmes de recherche étudiés par les économistes. Ce nouvel élan s’est naturellement traduit par un accroissement du nombre de présentations portant sur les mouvements de réfugiés. Le sujet de la présentation liminaire de George Borjas lors de la session de 2016 en est un parfait exemple. Celle-ci retraçait les résultats d’une étude qu’il menait sur les conséquences de l’afflux massif des réfugiés cubains en 1980 dans la ville de Miami sur les salaires des travailleurs locaux. Plus généralement, depuis l’édition de 2016, les présentations portent davantage sur les effets des réfugiés dans les économies d’accueil et sur les conditions de leur intégration.
 

Figure 2 : Demandes d’asile en Europe de 1985 à 2017

Source : Adapté de Edo (2019)
Note : L’Europe regroupe les pays de l’UE-15, l’Islande, la Norvège et la Suisse.

 

Un sujet majeur: les effets du changement climatique sur les mouvements migratoires

Pour la première fois depuis les débuts de la conférence, une session a aussi été dédiée en 2017 à la présentation de travaux sur le lien potentiel entre la présence immigrée et les comportements électoraux. La progression des partis d’extrême droite lors de différents scrutins tenus dans plusieurs pays européens depuis 2015, comme en France lors de l’élection présidentielle de 2017, explique l’essor de ce nouvel axe de recherche. À côté des thèmes traditionnels (comme ceux portant sur les effets de l’immigration sur le marché du travail et les finances publiques ou l’insertion économique des immigrés), d’autres sujets de recherche devraient aussi émerger. Si le sujet concernant les effets du changement climatique sur les mouvements migratoires semble être en pole position, seules les futures éditions de la conférence nous renseignerons à cet égard.

 


Références :

Edo A., 2018, Part des migrants dans la population. Stable au niveau mondial, en hausse dans les pays avancés, Carnet Graphiques, L’économie mondiale dévoile ses courbes, Bensidoun I. et Couppey-Soubeyran J. (dir)

Edo A., 2019, The Impact of Immigration on the Labor Market, Journal of Economic Surveys, forthcoming.

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