PRÉFACE
L’arrivée au pouvoir, dans les années 2010, de Xi Jinping en Chine, de Narendra Modi en Inde et de Donald Trump aux États-Unis (pour son premier mandat) a marqué la fin d’une phase de mondialisation relativement consensuelle. Depuis 2020, l’environnement géopolitique des relations économiques internationales connaît des bouleversements à la fois plus rapides, plus profonds et souvent plus violents : pandémie, guerre en Ukraine, affrontements au Moyen-Orient, tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine. Ces bouleversements perturbent les chaînes de valeur, amplifient l’incertitude et limitent la portée des politiques publiques. Ils se produisent alors que, depuis une dizaine d’année, d’une part, se développe un sentiment croissant de fragilité lié au changement climatique et à l’érosion de la biodiversité et que, d’autre part, s’affirme la puissance des grandes entreprises du numérique. La volonté affichée de la nouvelle administration américaine de privilégier une approche unilatérale ne fait qu’accentuer la complexité des réflexions à mener face à la multiplication des défis. Dans ce paysage géopolitique et économique de plus en plus instable, marqué par des crises successives et des tensions accrues entre grandes puissances, la nécessité d’une recherche rigoureuse et d’une expertise éclairée est plus essentielle que jamais. Le CEPII, par son engagement constant dans l’analyse approfondie des dynamiques géoéconomiques, joue un rôle central dans la compréhension des enjeux contemporains. Les travaux qu’il a menés en 2024 en témoignent à nouveau. Plus encore que par le passé, ils se sont orientés vers la géoéconomie, avec pour ambition, par exemple, de comparer les stratégies de sécurité économique des grandes puissances, d’évaluer les vulnérabilités commerciales, de décrypter la géopolitique des réserves de change ou encore d’analyser les interactions complexes entre migrations et normes culturelles. Plus récemment, le CEPII s’est mobilisé pour évaluer les conséquences économiques des annonces successives de la nouvelle administration américaine en matière de commerce international. Si les chercheurs doivent en permanence questionner la pertinence de leurs objets d’étude et l’adaptation de leurs méthodes, leurs travaux n’en constituent pas moins une boussole précieuse pour anticiper et orienter les politiques de demain.
Jean Lemierre
Président du Conseil du CEPII
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