Sébastien Jean
Ariell Reshef
Gianluca Santoni
Fin janvier 2020, lorsqu’il est apparu que les mesures de confinement prises par les autorités chinoises bloquaient largement la production du pays, il est très vite devenu évident que cette paralysie allait être contagieuse. Dès le 4 février, Hyundai, cinquième constructeur mondial, annonçait que la rupture d’approvisionnement des pièces et composants venant de Chine le contraignait à suspendre les opérations de ses usines en Corée, et l’inquiétude de répercussions similaires se répandait dans le monde entier, tandis que de nombreux industriels s’inquiétaient du tarissement de leurs débouchés en Chine. Lorsque la pandémie s’est abattue sur l’Europe, c’est la capacité à adapter la production de médicaments à cette circonstance exceptionnelle qui s’est révélée tributaire de la Chine, et aussi de l’Inde, puisque c’est de là que l’essentiel des principes actifs proviennent. Dans les deux cas, la crise du coronavirus mettait ainsi en évidence les interdépendances étroites entre des activités productives situées à différents endroits de la planète.
Ce constat n’a rien d’anecdotique. Au contraire, il est caractéristique d’une ère de la mondialisation, amorcée lorsque l’intensité des relations commerciales internationales, déjà grande dans les années 1980, s’est considérablement accrue entre le début des années 1990 et la crise financière de 2007-2008, les exportations mondiales de marchandises passant de 18 % du PIB en 1993 à 30 % en 2008 (base Chelem-CEPII). Cette évolution ne reflète pas seulement des échanges de biens plus fréquents ou plus massifs, elle révèle également l’importance croissante de productions coordonnées à l’échelle internationale. C’est ce que recouvre le terme chaîne de valeur mondiale, utilisé pour désigner le fait que différentes étapes de production, réparties entre plusieurs pays, trouvent leur logique dans une étroite complémentarité, l’enchaînement des fabrications intermédiaires et des transformations débouchant sur un produit fini. Pour comprendre cette mondialisation des chaînes de valeur et l’importance qu’elles ont prise, il faut d’abord caractériser plus précisément le phénomène, avant d’en étudier les conséquences pour les différentes économies et pour les relations macroéconomiques.
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